/ 16 incapable? Pour avoir fait des col- lages sur ces ardoises noires pareilles à celles utilisées dans les écoles com- munales de la IIIème République du Tour de France de deux enfants, Favier ( 1957 ) a-t-il été considéré comme un instituteur, hussard de la République? Pour avoir… faut-il continuer? En écrivant cette énumération de matériaux de rebus (qu’il faudrait qualifier toujours de sales, de cassés, d’usés), en dressant cette liste d’ob- jets d’une brocante crasseuse, bric- à-brac de trucs ébréchés, écaillés, déglingués, relégués, je me rends compte que c’est peut-être moins la mention du lin parmi les matériaux utilisés par Olga de Amaral que celle de la feuille d’or qui déconcerte... Parce que les panneaux que pend Olga de Amaral, rectangles aux bords irréguliers, ne sont pas une surface. La bonne vieille affirmation de Maurice Denis, «Se rappeler qu’un tableau –avant d’être un cheval de ba- taille, une femme nue ou une quelconque anecdote– est essentiellement une sur- face plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées», est sans prise sur les œuvres d’Olga de Amaral Non parce qu’aucune d’entre elles représentent un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, mais parce qu’aucune d’entre elles n’est «une surface plane», un tableau. La surface des panneaux d’Olga de Amaral –si c’en est une– est rugueuse, irrégulière, poreuse, et la lumière s’y érafle et y scintille comme le regard l’effleure et s’y insinue. Cette surface est composée de sorte de tesselles, mais à la différence de celles qui, côte à côte, composent une mosaïque, ces tesselles-ci, ici, là, se recouvrent, se croisent, empiètent l’une sur l’autre, mordent l’une sur l’autre. Ceci pour composer je ne sais quels objets sacramentaux qui sont peut-être les ostensoirs d’une foi oubliée très ancienne, très nécessaire et très sage. Quand bien même ces œuvres ne se privent pas d’être très magnifiques, peu soucieuses d’humilité, de dé- pouillement, sans être pour autant les signes d’une arrogance ou d’une morgue. cabinetmaker?When for having made collages on blackboards such as those used in schools was Favier ( 1957 ) considered to be a teacher at the service of bourgeois education? ...and a thousand cases more. Upon accounting for these discarded materials (and it would be necessary to qualify them all as dirty, broken, used), the list of objects for a dirty flea market, a jumble of abandoned, malad- justed, chipped, beaten, broken items is ready, I become aware that it isn’t so much the mention of linen, but rather that of gold leaf, which is disconcerting... Because the objects that Olga de Amaral hangs, rectangles with uneven borders, do not have a surface.The well known phrase of Maurice Denis,“Remember that a painting –before being a classic theme, a nude woman, or some anecdote– is essentially a flat surface covered with colors in a certain order”, does not apply here.And this is not only because none of them represent a classic theme, a nude woman, or some anecdote, but rather be- cause none of her work is a “flat surface”, a painting.The surface of the pieces of Olga de Amaral –if there is one– is rough, irregu- lar, porous, on which light breaks and sparkles as our gaze caresses and questions it.This surface is composed of a type of tesel- lae, side-to-side, that make up a mosaic, but here these tesellae overlap, cover, fall upon another, to compose I don’t know what kind of sacramental objects or sacred vases of an ancient and forgotten faith, very necessary and wise.Although these pieces are splendid, void of humility or asceticism, but with no signs of arrogance or self-satisfaction. Olga de Amaral affirms that:“I believe in spaces for meditation, contemplation and reflection.” Which one? Suddenly, a work assumes the certainty of Philo- laus, the Presocratic philosopher cited by Nicomachus of Gerasa: calificada de ebanista incapaz? ¿Cuándo por hacer collages en pizarras como las que se utiliza- ban en las escuelas se consideró a Favier ( 1957 ) como maestro al servicio de la educación burgue- sa? … y así mil casos más. Al hacer esta enumeración de materiales de desecho (y habría que calificarlos todos de sucios, rotos, usados), esta lista de objetos de un mugriento mercado de las pulgas, revoltijo de objetos aban- donados, desajustados, desporti- llados, vencidos, rotos, caigo en cuenta de que no es tanto la men- ción del lino, sino la de la hojilla de oro, la que desconcierta... Porque los objetos que cuelga Olga de Amaral, rectángulos con bordes irregulares, no constituyen una superficie. No aplica, en el caso de sus obras, la conocida fra- se de Maurice Denis,“Hay que acordarse que un cuadro, antes de ilustrar un tema clásico, una mujer desnuda, o alguna anécdo- ta, es esencialmente una super- ficie plana recubierta de colores dispuestos en un cierto orden”. Y no porque ninguna de ellas represente un tema clásico, una mujer desnuda, alguna anécdota, sino porque ninguna de sus obras es “una superficie plana”, un cuadro. La superficie de las obras de Olga de Amaral –si es que la hay– es rugosa, irregular, porosa, y en ella la luz se quiebra y cen- tellea cuando la mirada la acaricia y la interpela. Esta superficie está compuesta de una especie de te- selae, que componen un mosaico, pero aca estas teselaes se traslapan, recubren, cruzan, o se montan unas sobre otras, para componer no sé qué objetos sacramentales, especies de custodias sagradas de una fe antiquísima y olvidada, muy necesaria y muy sabia.Aun- que estas obras no se privan de ser magníficas, poco preocupadas por la humildad o la sobriedad, sin embargo no tienen señales de arrogancia o suficiencia. Olga de Amaral afirma:“yo creo espacios de meditación, de contemplación y de reflexión.” Pascal Bonafoux
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