/ 14 C’est simple, il suffit de ne pas vouloir voir . On s’en est tenu, en France, à cette prudente lâcheté (ou indifférence confortable) avec Olga de Amaral Une exposition dans une galerie consacrée à la tapisserie –La Demeure– en 1973 … et rien, plus rien jusqu’à une rétrospective au musée de la tapisserie contempo- raine d’Angers en 1997 . Et depuis, rien, plus rien… Plus rien depuis dix ans, dix ans pendant lesquels elle a été présentée au-delà de la Colombie et de Bogotá où elle vit et travaille, au Japon, au Pérou, en Argentine, au Portugal, en Alle- magne, aux Etats-Unis. Pourquoi ce désintérêt ou cette désinvolture qui ressemble à du dédain? Hypothèse: à chaque rencontre avec les œuvres d’Olga de Amaral, c’est la même chose, c’est le même désarroi. L’intensité de leur présence impose je ne sais quel silence inti- midé. L’esprit est pris de court. Et les critères et les repères qui tien- nent lieu d’ordinaire d’abscisse et d’ordonnée pour déterminer à quoi l’on a affaire, la place de ces œuvres, semblent inconvenants, grossiers, vains. Déconcerté par cette singu- larité, il est plus commode de s’en tenir à ce qui a été rabâché année après année, les œuvres d’Olga de Amaral sont des tapisseries. Tapisserie… En dépit de ce que voulut, de ce qu’espéra Jean Lurcat, qui est mort depuis maintenant plus de quarante ans, en dépit de la maî- trise intacte des lissiers –et que leurs métiers soient de haute ou de basse lice (ou lisse, l’un et l’autre se dit ou se disent) ne change rien à l’affaire–, la tapisserie est «un art perdu»… Ce sont les Goncourt qui firent ce constat dépité dans leur Journal le Olga de Amaral, ou la méditation, la contemplation et la réflexion. or meditation, contemplation and reflection. o la meditación, la contemplación y la reflexión. Pascal Bonafoux It’s simple, it’s enough to want not to see it. In France, we’ve put a stop to that prudent cowardice (or comfortable indifference) with Olga de Amaral.An ex- hibition in a gallery specialized in tapestries –La Demeure– in 1973 … and nothing, nothing else up until a retrospective held in the contemporary tapestry museum of Angers in 1997 .And then, nothing, nothing else.. Nothing for ten years, ten years during which she has, beyond Colombia and Bogotá where she lives and works, presented in Japan, Peru,Argentina, Portu- gal, Germany, the United States. Why this disinterest or casualness with the appearance of disdain? Hypothesis: upon each encoun- ter with the works of Olga de Amaral, the same thing happens, the same distress.The intensity of its presence imposes a certain reserved silence. Reflection finds no arguments and the criteria and references which would typically serve as the abscissae and ordinates necessary to define what we are in fact facing and the place these works should occupy, seem crude, impertinent, useless. Disconcerted by the degree of its singularity, it is more comfort- able to calm oneself with the same repeated phrase, year after year: the works of Olga de Ama- ral are tapestries. Tapestries...Despite of what he wanted, of what he expected, Jean Lurçat, passed away more than forty years ago, despite the fact that the weavers maintain their techniques in practice –on Es sencillo, basta con no querer ver. En Francia nos hemos limi- tado a esa prudente cobardía (o cómoda indiferencia) con Olga de Amaral. Una exposición en una galería especializada en tapi- ces –La Demeure– en 1973 … y nada, nada más hasta una retros- pectiva en el museo de la tapice- ría contemporánea de Angers en 1997 .Y luego, nada, nada más… Nada desde hace diez años, diez años durante los cuales ella ha presentado más allá de Colombia y de Bogotá en donde vive y trabaja, en Japón, Perú,Argenti- na, Portugal,Alemania, Estados Unidos. ¿Por qué ese desinterés o esa desenvoltura que parece des- dén? Hipótesis: a cada encuentro con las obras de Olga de Amaral, ocurre lo mismo, se experimenta el mismo desasosiego. La inten- sidad de su presencia impone un cierto reservado silencio. La reflexión no encuentra argumen- tos y los criterios y las referencias que normalmente nos sirven de abscisas y ordenadas para poder definir ante qué estamos y el lugar que ocupan estas obras, parecen burdos, impertinentes, inútiles. Desconcertados por tanta singularidad, es más cómodo contentarse con lo que se repite año tras año: las obras de Olga de Amaral son tapices. Tapices...A pesar de lo que quería, de lo que esperaba Jean Lurcat, muerto hace ya más de cuarenta años, a pesar de que los tejedores conserven el dominio de la técnica –tanto en telares verticales como horizontales–, de todas maneras el arte de la
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